A
la vue de tous, ils approchent.
Sans
honte, ils avancent.
Au
centre des regards, ils se postent.
Milliers de sentiments, ils
provoquent.
Ces
hommes, dont pas un seul ne rit.
Sur son chemin, cette demoiselle,
Sur son chemin, cette demoiselle,
A
la belle peau d'ébène
Subitement
s’arrête.
Touchée
par ces surprenantes sculptures,
Elle
se pose des questions:
«Mais
qui sont-ils?
Mais
d’où viennent-ils?
Serait-ce
de la Porte du non-retour?
Serait-ce
du chemin sans détour
De
ces navires chaotiques
Qui
glissaient sur l’Océan Atlantique?
Ou
viennent-ils plutôt des côtes d’Amérique?
Mais
où étiez-vous?
Beautés
célestes défigurées,
Pauvres
humains meurtris
Que
la fatigue a maigri,
A
qui on a ôté toute trace d’humanité!
Où
étiez-vous?
Enlevés
à vos ancêtres,
Retenus
par des chaînes
Au
service du dur labeur
Dans
une vie d'horreur. »
Aujourd'hui
libérés,
Ils
viennent sans pudeur,
La
poitrine bombée,
Le
regard brillant
Car
ils sont fiers
Après
ces années amères
D'être
des survivants.
Ô
mon cœur est brisé!
A la vue de tous ils approchent.
A la vue de tous ils approchent.
Sans
honte, ils avancent.
Au
centre des regards, ils se postent.
Milliers
de sentiments, ils provoquent.
Ces
hommes dont pas un seul ne rit.
Sur le pavé, d'une démarche coquette
Sur le pavé, d'une démarche coquette
Balançant
ses belles
Courbes
et formes abstraites,
Ce
jeune homme
Qui
se sentirait bien femme,
Tout
d'un coup s'arrête
Dans
son élan parfait.
« Mais
qui sont-ils?
D’où viennent-ils?
Serait-ce d'Auschwitz?
Serait-ce de Leschwitz?
Ont-ils été de ces longs
voyages vers le grand inconnu
Dans ces trains
brinquebalants au terminus
Où règne la misère la plus
noire?
Par quelle douceur sordide
Avez-vous
été torturés? Mais où
étiez-vous donc?
Où le travail divin est
devenu si laid
Où jamais on ne s'arrête
Et jamais on ne joue.
D'où n'est possible aucun
retour.
Hélas, vous étiez détenus!
A cause de vos faiblesses,
Vos droits n'existaient plus.
Chut! Le maître n'approuvait
Ni vos désirs honnêtes,
Ni votre maladresse.
Après la déportation,
Après les enlèvements,
Dans cette terreur
palpitante?
Où étiez-vous? »
Aujourd'hui libérés,
Aujourd'hui libérés,
Ils
viennent sans pudeur,
La
poitrine bombée,
Le
regard brillant
Car
ils sont fiers
Après
ces années amères
D'être
des survivants.
Ô
mes pauvres frères!
Ces
hommes ici présents rappellent à l'univers leur sombre passé.
Alors photographiez, dessinez, sculptez, écrivez qu'importe comment!
Trouvez un moyen pour que les générations, pour toujours se
rappellent de cette sombre ère passée. Pour qu'à jamais on se
souvienne de ces hommes à qui on a tout arraché, tout, sauf la
dignité et le courage!
Texte: Stéphania
et Stéphanida DAKOSSI